Porc au caramel
Envie de chinois ? Pas la peine de sauter sur votre voisin asiatique ;o)
Moi je dis, vive l’avènement des nouvelles technologies !!! J’adore toutes ces nouveautés qui font que même perdu en plein milieu de la pampa, il y a toujours une sonnerie stridente pour nous rappeler que nous faisons parti d’une société de communication. Vous aurez bien sûr saisi dans mes propos une légère (non, pas tant que ça en fin de compte) pointe d’ironie.
L’autre jour, je commence à préparer mes côtes de porc en les coupant en cube de 2 cm. J’ai donc les mains prises par mon couteau et mon morceau de viande et c’est bien sûr à ce moment que mon téléphone portable sonne. Non, pas juste avant quand je ne faisais rien de particulier mais bien maintenant, quand j’ai les mains occupées et poisseuses. Tant pis, je laisse faire, mon répondeur répondra aussi bien que moi (enfin, je l’espère au vu de son nom !). Mais alors que je mets mes cubes de porc à mariner dans de la sauce soja, mon téléphone fixe se met à sonner. La loi des séries certainement. Là aussi j’opte pour la méthode répondeur. Je me lave les mains et je profite des deux heures de marinade pour consulter mes répondeurs. C’est charmant ces petites bêtes et obéissant avec ça. Mais ça n’attire pas la sympathie des gens qui me dérangent en déclenchant les sonneries de mes téléphones puisque je n’ai bien évidemment aucun message. Je me dis que ça n’était sûrement pas important.
D’ailleurs, durant les deux heures suivantes au cours desquelles j’aurais pu discuter avec la Terre entière si elle l’avait voulu (c’est vrai que j’exagère un peu car je n’ai été livré qu’avec une bouche et deux oreilles et que je ne maîtrise, et encore c’est un bien grand mot, que deux langues et demi, mais bon, personne n’est parfait), aucun coup de fil (bizarre cette expression, en disant cela je m’imagine toujours Xena la guerrière avec son grand fouet…) n’est venu troubler le silence creusois de ma demeure (oui, pour ceux qui ne le savent pas, j’habite dans la Creuse, charmant département encore silencieux car préservé des affres de l’urbanisation galopante, et c’est tant mieux !).
Rassuré par ces deux heures sans désagréments téléphoniques, j’entreprends d’émincer un oignon. Mais bien sûr, à peine ai-je commencé à jouer de mon couteau que, je vous laisse deviner, et bien oui, un petit son lancinant vient me vriller les tympans. Satané téléphone !!! Répondeur, tu sais ce qu’il te reste à faire, je ne bougerai pas de ma cuisine ! Je continue ma préparation sans plus faire attention à une quelconque sonnerie en faisant suer mes oignons dans un peu d’huile. Je saisis ensuite mes cubes de viandes avec le reste de sauce soja de la marinade. Je déglace au vinaigre blanc et je laisse réduire. J’ajoute alors deux cuillères à soupe de miel et une bonne tasse de bouillon cube. J’entreprends de faire un caramel sec (juste du sucre dans une casserole placée sur le feu) mais fatalement, c’est au moment où il faut que je le surveille pour ne pas qu’il brûle que cette fois on sonne à ma porte : le facteur… Que faire alors ? Rater mon caramel qui une fois chaud brûle très vite et avoir mon colis en main ou devoir me rendre plus tard au bureau de Poste pour retirer ce dernier qui m’y attendra patiemment ? Mon choix est fait : sus aux envahisseurs de tout genre et aux empêcheurs de tourner en rond, mon porc au caramel avant tout !
Une fois mon caramel bien doré, je l’ai versé dans la sauce où baigne déjà ma viande. Alors que je sais très bien comment se comporte un caramel tout juste sorti du feu lorsqu’il rencontre un liquide plus froid, je me suis bien entendu fait surprendre, tout déconcentré que j’étais par ces intrusions phoniques survenues au cours de ma recette. Lorsque j’ai commencé à vider, je me suis fait surprendre par une gerbe d’éclaboussures due au bouillonnement intense et bref occasionné par la forte chaleur du sucre caramélisé. La prochaine fois, j’attendrai un peu qu’il refroidisse, ça me paraît plus sage. Le temps que la sauce réduise et soit bien lisse, j’ai fait cuire mon blé (dommage, on avait mangé du riz la veille). Ce fut un régal, le même goût qu’au restaurant chinois avec en plus le plaisir de l’avoir fait soi même… Et au diable toutes ces nouvelles techologies bruyantes et envahissantes !