Lasagne chèvre épinard
Que dire si ce n'est tout simplement délicieux...
L'autre jour, je me baladais en forêt quand un farfadet m’est passé devant en courant (oui, ça court vite un farfadet !). De sa poche est tombé un bout de chiffon qui semblait protéger quelque chose. Après vérification, il s'agissait de pâtes en forme de plaque. Je les mis dans mon baluchon et je me remis en route.
Mais bientôt, je fus à nouveau arrêté cette fois ci par un druide tombé de son arbre. Je l'ai aidé à se relever et pour me remercier, il me donna une poignée de verdure qui, m'a-t-il dit sentencieusement, avait le pouvoir de transformer les muscles en fer.
Je repris ma route mais pas pour bien longtemps puisque à l’orée d’une clairière, un pasteur bien embêté avait perdu une de ses chèvres. Je n’hésitai pas longtemps à lui garder son troupeau pendant qu’il partait à la recherche de l’étourdie. Dès son retour, pour me récompenser de ma patience, il me remit deux petites bûchettes enrubannées de feuilles de châtaigner.
Mon baluchon commençait à être bien rempli lorsque je trébuchai sur un objet que je ne reconnus pas de prime abord. Après l’avoir ramassé et observé, il s’est avéré qu’il s’agissait du reliquaire de Saint Ambroise (oui, vous vous demandez ce qu’un reliquaire vient faire en forêt. Et moi, est-ce que je vous demande pourquoi le loup s’embête à se déguiser en grand-mère pour manger le petit chaperon rouge au lieu de le croquer de suite ?!?). Je m’empressai de le ramener à la confrérie des apiculteurs qui me félicitèrent et me donnèrent en récompense une cruche remplie de nectar d’abeille.
Une fois rentré chez moi, j’entrepris de réaliser un plat avec tout ce que contenait mon baluchon. Je préparai tout d’abord un roux avec du beurre et de la farine. Un litre de lait fut rajouté et une béchamel j’obtins. Je l’assaisonnai avec de la poudre de perlimpinpin (en fait, de la muscade, du sel et du poivre mais pour le bon déroulement de l’histoire, ça fait mieux de dire de la poudre de perlimpinpin, même si c’est long à taper miladiou !!!) et j’en tartinai le fond de mon plat. Une couche de plaque de pâte (en fait, des lasagnes, mais ça fait mieux, enfin, vous savez quoi…) fut disposée dans le plat et je remis une bonne couche de béchamel (quand c’est bon, on ne compte pas). Tel un joli gazon anglais taillé à la serpette, je disposai les épinards préalablement blanchis pour former une épaisse couche de verdure. Quelques tranches de chèvre (le fromage, pas l’animal) vinrent compléter ce décor pléthorique. Et je renouvelai à nouveau les mêmes opérations (béchamel, lasagne, épinards, chèvre) pour obtenir une deuxième couche. Saint Ambroise, dans sa bonté éternelle, m’avait susurré ces quelques mots : De mon nectar, quelques gouttes sur les préparations de monsieur Seguin ; les papilles s’en dresseront tels, dans le froid, des seins ! (quel facétieux cet Ambroise !). Je ne manquai donc pas d’ajouter un peu de miel au reste de ma béchamel avant d’en tartiner allègrement le dessus de ma préparation. Une couche de gruyère râpé et une heure de cuisson à 200° achèveront ce plat.
Les farfadets et autres elfes sont de fins gourmets, et si par chance vous en rencontrez un au détour d’un sous-bois, tendez l’oreille pour leur voler leurs secrets gastronomiques !